Même si la situation évolue grâce aux politiques volontaristes, les métiers de la tech restent majoritairement masculins. Au boncoin, cette féminisation est en marche et les collaboratrices sont celles qui en parlent le mieux. Portraits croisés de deux femmes tech au boncoin : Nina Quaresma, engineering manager, et Marly Teixeira, développeuse back-end.
Certains clichés ont la vie dure. Celui du passionné d’informatique, du bricoleur d’ordinateurs, du « geek » enchaînant les lignes de codes, restent ainsi durablement associés, dans l’imaginaire collectif, aux hommes. Ce stéréotype a des conséquences bien réelles, à l’image du déséquilibre flagrant dans les effectifs de la tech : en France, la proportion des femmes dans les métiers du numérique n’était que de 17 % en 2020. Leur part était identique en 2012, symbole d’une stagnation tenace malgré la prise de conscience généralisée de cette problématique.
Formation, politique de recrutement, sensibilisation, au sein du boncoin, plusieurs initiatives ont été lancées ces dernières années. Deux collaboratrices, Nina et Marly, ont accepté de livrer leur ressenti et analyses sur cette situation.
Le web, une passion contagieuse
Selon Nina, son rôle principal en tant qu’Engineering manager est de « faciliter la vie des développeurs et développeuses ». Chargée de cadrer techniquement les projets en amont, elle s’assure du développement des features dans les délais impartis, tout en épaulant ses équipes. « C’est du management de proximité, et presque un rôle de coach au quotidien car les développeurs et développeuses de mon équipe sont autonomes et n’ont pas besoin de moi pour faire leur travail, mais je fais en sorte qu’ils soient sereins et puissent se concentrer sur leur mission. », explique Nina, arrivée au boncoin en octobre 2021.
De son côté, Marly rejoint leboncoin en tant que développeuse back-end en mars 2022. Cette spécialiste du langage Go développe de nouvelles fonctionnalités et produit de nouvelles architectures logicielles, en travaillant en binôme avec des développeurs et développeuses front-end. Sa vocation dans l’informatique tient à une rencontre : lors d’un stage, en terminale, elle a l’occasion d’échanger avec un ancien étudiant d’Epitech, célèbre réseau d’écoles d’informatique. À l’époque, elle hésite encore sur son orientation, mais l’enthousiasme de l’alumni est si contagieux qu’elle décide de suivre le même cursus : « J’avais envie d’être autant passionnée que lui ».
Pour Nina, l’informatique tient depuis longtemps une place dans sa vie. « J’ai eu très tôt un ordinateur, et je passais mon temps à installer des trucs, à tester des logiciels, mais cela restait au stade du loisir », précise celle qui a démarré ses études dans le commerce international, avant de se réorienter vers un master dans le numérique pour devenir cheffe de projet. « Ayant plutôt un parcours littéraire, développeuse n’était pas mon métier premier, et même si j’ai toujours travaillé à leurs côtés, je ne me sentais pas capable de le faire. », précise Nina qui, après avoir hésité, se lance dans le bain via un bootcamp tech organisé pour les femmes.
Le rôle de l’éducation et des médias
La faible représentation des femmes dans la tech s’explique par « les préjugés » selon Marly, qui ont des impacts sur les souhaits d’orientations des jeunes femmes. « On ne m’a jamais conseillé ce métier au cours de mon parcours, j’ai fait mes recherches toute seule pour me renseigner », relate-t-elle.
Sensibiliser les jeunes filles aux métiers du numérique dès l’école et en particulier lors du stage d’observation de 3ème au collège serait, aux yeux de Nina, une solution parmi d’autres. Elle ne minimise pas non plus le rôle des médias : « On nous parle souvent des grands pontes de la tech, des hommes américains de la Silicon Valley, mais très rarement des femmes ». Elle-même reconnaît d’ailleurs n’avoir eu aucun modèle féminin avant de se lancer dans cette carrière, et pointe l’importance de la parité dans le numérique : « Tout le monde utilise le web et pour qu’il soit représentatif de la population mondiale, il doit être développé autant par les femmes que par les hommes. ».
Si « la diversité et le partage des idées apportées par les femmes est forcément bénéfique » aux yeux de Marly, sa collègue estime toutefois qu’il faut voir au-delà du genre pour constituer la meilleure équipe qui soit : « Quand je recrute, ce qui m’importe, ce sont les compétences, le feeling et ce que la personne va pouvoir nous apporter ». Au sein du boncoin, Nina suit de près la mission Femmes dans le numérique et le réseau féminin « Elles sont leboncoin », qui organisent des évènements permettant aux collaboratrices de partager leurs expériences : « C’est agréable d’échanger avec des personnes qui vivent les mêmes choses que nous et de trouver des solutions ensemble pour avancer. » Ces groupes de parole et ces actions ont permis de mettre en place de nombreuses évolutions au sein du boncoin et notamment le fait de rendre plus inclusives les offres d’emplois pour encourager les femmes à se sentir les bienvenues et à postuler.
Nina conseille aux femmes s’interrogeants sur cette voie de « foncer car il y a plein de choses à faire, plein de métiers différents, et il ne faut pas se mettre des barrières parce qu’on est une femme. ». Idem pour Marly qui dit s’amuser à son poste et avoir toujours été considérée à sa juste valeur au boncoin. Elles encouragent toutes les deux les femmes à dépasser cette fausse idée de complexité insurmontable autour des métiers du numérique.