« Derrière les murs du boncoin » est une série de portraits qui met à l’honneur celles et ceux qui, en coulisse, participent au succès du boncoin. Laissez-vous transporter dans leur univers, découvrez leur quotidien et les spécificités de leur métier.
Depuis deux ans, Laurent Dutheil est coach agile technique au boncoin. En quoi consiste exactement ce métier peu connu ? Comment se traduit la méthode agile dans l’organisation du boncoin ? « Pour être plus efficace, il faut prendre le temps de s’arrêter », affirme ce facilitateur. Portrait.
Et si la première mission d’un coach agile était de pouvoir expliquer facilement en quoi consiste son métier ? En fonction de son auditoire, Laurent a deux formules prêtes à l’emploi. S’il doit éclairer un membre de sa famille sur ce qu’il fait au boncoin, il résume sa mission ainsi : « nous aidons les équipes à apprendre à mieux travailler ensemble ». S’il s’adresse à des connaisseurs du milieu de l’entreprise, il approfondit : « nous aidons l’organisation à s’adapter au changement en faisant de l’apprentissage une force vitale ». Dans les deux cas, les notions de transmission et de partage des connaissances prédominent.
L’entraide et l’apprentissage
« J’ai un rapport particulier avec le terme “coach”, je l’ai souvent évité par peur de m’éloigner du code », reconnaît Laurent, qui occupe la fonction de coach agile technique depuis deux ans au boncoin. Un poste sur mesure, qui lui permet de combiner expertise technique et accompagnement. Avant cela, il a évolué pendant deux décennies comme développeur dans le milieu du conseil, ajoutant des cordes à son arc au fil des ans. Avec l’expérience, il constate que la fameuse loi de Conway se vérifie. Théorisée à la fin des années 60, elle prédit qu’un système d’information est à l’image des modes de communication de son organisation. En clair : si deux équipes de développeurs n’arrivent pas à se parler pour collaborer, cela se retranscrit dans le logiciel produit, avec « des briques qui ne s’emboîtent pas ».
Laurent l’affirme, tout est lié. « Pour avoir un impact sur l’architecture, il faut forcément travailler sur l’organisation et la façon dont les parties communiquent entre elles », résume celui qui aime se définir comme un « facilitateur ». Composé de quatre personnes, son service intervient auprès des collaborateurs, des équipes et directement au niveau de l’organisation. Un aspect de son métier qui lui plaît tout particulièrement, car les changements sont plus significatifs. Avec l’appui du coach agile, les collaborateurs du boncoin peuvent ainsi participer à la réorganisation de l’entreprise, en collaboration avec la direction. Ces moments, que chacun peut initier, ont leur petit nom : TOO, pour travail d’organisation ouvert.
Bousculer les a priori
Laurent associe l’agilité en entreprise à l’entraide et l’apprentissage. En tant que coach agile technique, il a participé à la création du programme La Ruche. Il s’agit d’un parcours de formation aux pratiques agiles, proposé aux nouveaux collaborateurs durant trois à quatre semaines, afin de faciliter leur intégration au boncoin. « Ils peuvent ensuite répandre à leur tour les bonnes pratiques dans l’entreprise », explique Laurent, qui chapeaute également un espace baptisé Dojo. Inspiré par les arts martiaux, cet espace invite les collaborateurs à expérimenter de nouveaux gestes de code, via divers exercices.
L’agilité passe par des choix en apparence contre-intuitifs selon Laurent, qui assume bousculer les a priori. « Par exemple, coder à deux sur un même ordinateur est bien plus efficace qu’un partage individuel du travail », affirme le coach, qui remet en question certaines habitudes. Il prône ainsi une mise en production fréquente du site, quand d’autres l’évitent, par crainte de déstabiliser les utilisateurs. Parmi les rituels mis en place, Laurent évoque également les rétrospectives, ces rendez-vous durant lesquels les collaborateurs font le point sur les récentes évolutions de l’entreprise et les améliorations possibles. Ce rendez-vous bimensuel se veut être une pause propice aux apprentissages. « C’est le paradoxe : pour être plus efficace, il faut prendre le temps de s’arrêter », souligne Laurent.
Savoir s’adapter
Si Laurent devait résumer en un mot le principe de la méthode agile, le terme « adaptation » aurait sans doute sa préférence. « C’est en évoluant continuellement que nous allons pouvoir évaluer ce qui fonctionne, en nous adaptant aux besoins des utilisateurs, à la concurrence, au contexte social », précise-t-il. Pour cet amateur de métaphores, l’analogie maritime est toute trouvée : « En navigation, nous pouvons imaginer qu’il suffit de mettre le cap pour atteindre un point donné. En réalité, il y a de nombreux courants, des intempéries, donc fixer un cap ne suffit pas. Les navigateurs adaptent leur position régulièrement ». À ses yeux, les qualités nécessaires pour son travail sont l’écoute, l’empathie et la curiosité : « Il faut essayer de se mettre à la place des autres, afin de comprendre leurs problématiques et pouvoir les accompagner. »
Comme dans bien d’autres entreprises, la pandémie de Covid-19 a bouleversé l’organisation interne du boncoin, via un recours accru au télétravail. Laurent, en tant que coach agile, a dû faire évoluer son accompagnement et les outils proposés. « Nous avions par exemple pour habitude de faire passer un bâton de parole lors de nos réunions, afin de faciliter l’expression de chacun. À partir d’un logiciel, un collègue a créé une version virtuelle de ce bâton de parole, qui est très utile lors de nos échanges en visio », souligne-t-il.
Entre télétravail et présentiel, la mise en place de l’organisation hybride permet aujourd’hui à Laurent d’adapter les formats au type d’atelier proposé, afin d’accompagner au mieux les collaborateurs du boncoin.